Oreilles et plongée

Présentation

Quand nous plongeons, notre corps subit la pression due au poids de l’eau. On ressent principalement ce phénomène au niveau des oreilles. Dès les premiers mètres, une gêne apparaît, comme parfois en montagne ou en avion, mais avec plus d’intensité. Pour compenser ce phénomène, il faut pratiquer une manoeuvre dite “d’équilibrage des pressions” ou de “compensation”.

Mécanisme

En simplifiant une oreille, on peut dire qu’elle se compose d’une oreille externe, d’un tympan, d’une oreille moyenne et d’une trompe d’Eustache. Le tympan est une membrane souple qui sépare l’oreille externe de l’oreille moyenne. Celle-ci communique avec les fosses nasales par l’intermédiaire de la trompe d’Eustache. Généralement fermée, la trompe d’Eustache s’ouvre naturellement toutes les 2 à 3 minutes ou bien lorsque nous baillons ou encore quand nous déglutissons.

Lors de notre immersion, la pression à l’extérieur de l’oreille augmente, et comprime l’air emprisonné dans l’oreille moyenne. En se comprimant, cet air diminue de volume. L’oreille moyenne est alors en dépression et “tire” sur toutes les parois environnantes. Le tympan étant relativement souple, il se déforme en priorité, causant une petite gêne lorsque la déformation est faible et une douleur forte si cette déformation est importante.

Que faire en plongée ?

Il ne faut jamais atteindre la douleur. N’oubliez pas que l’oreille est un organe fragile, siège de l’audition et de l’équilibre, et qu’il faut la protéger. Dès qu’une gêne apparaît, il faut pratiquer une manœuvre dite ” d’équilibrage des pressions “. La plus simple consiste à pincer votre nez et à souffler progressivement bouche fermée, comme si vous vous mouchiez, sans toutefois être brusque. Vous sentirez alors un ” mouvement ” des tympans lorsque la manœuvre a réussi. En faisant cela, vous pratiquez la manœuvre dite de Valsalva. Elle a pour effet de forcer l’ouverture de la trompe d’Eustache pour amener de l’air dans l’oreille et rétablir l’équilibre des pressions de chaque côté du tympan. Cette manœuvre doit être effectuée aussi souvent que nécessaire, tout au long de la descente et ensuite pendant la plongée, à chaque fois que vous descendrez un peu.
A la remontée, l’équilibre s’effectue naturellement et il ne faut jamais faire de Valsalva.

Les risques en plongée

A 80%, les accidents ou incidents de plongée concernent les oreilles[ ]. Un guide de palanquée doit y être particulièrement attentif, d’abord pour les plongeurs qu’il accompagne, ensuite pour lui-même.

Risque d’otite barotraumatique

A la descente, si l’équilibre des pressions ne s’effectue pas dans l’oreille moyenne, la dépression créée déforme le tympan qui se tend à l’extrême et se congestionne. Cette congestion peut gagner la trompe d’Eustache, et réduire sa perméabilité, rendant encore plus difficiles les manœuvres d’équipression. Ce cercle vicieux ne fait qu’aggraver l’otite.

Risque de perforation du tympan

Une otite barotraumatique aiguë peut déboucher sur une perforation du tympan. Le plongeur ressent généralement une forte douleur, accompagnée parfois de saignements et d’acouphènes (bourdonnements, sifflements …). Certains cas présentent aussi une surdité temporaire, voire des vertiges. La cicatrisation demande plusieurs semaines.

Coup de piston : risque barotraumatique de l’oreille interne

Le « coup de piston » de l’étrier dans la fenêtre ovale provoque une brusque augmentation de pression dans le milieu liquidien de l’oreille interne.

Il peut résulter :

  • d’un équilibrage brutal à la descente, par exemple du fait d’un Valsalva tardif et donc violent ;
  • d’une erreur de procédure à la remontée en effectuant un Valsalva plutôt qu’une manœuvre de Toynbee ou une simple déglutition.

Le mécanisme est simple à comprendre :

  • à la descente une dépression apparaît dans l’oreille moyenne faisant, en particulier, s’incurver le tympan ;
  • plus la manœuvre d’équilibrage est tardive, plus elle risque d’être violente et non contrôlée, provoquant une arrivée d’air massive et brutale ;
  • le retour brutal du tympan à sa position d’équilibre provoque une réaction en chaîne sur les osselets solidaires entre eux (marteau-enclume-étrier) pouvant conduire à la rupture de la fenêtre ovale avec atteinte de la cochlée voire même de la fenêtre ronde.

L’oreille interne peut ainsi être endommagée avec une perte d’audition et/ou des troubles de l’équilibre, temporaires ou définitifs.

La prévention est évidente :

1 – équilibrer régulièrement au cours de la descente par une manœuvre douce et anticipée ;
2 – ne jamais faire de Valsalva à la remontée non seulement pour éviter de type de barotraumatisme mais également pour prévenir le risque d’accident de désaturation en cas de FOP.

Vertige alterno-barique

Ce phénomène, souvent bénin, se produit généralement lors de la remontée. Assez fréquent (10% des plongeurs), il est dû à un manque de perméabilité de l’une des deux trompes d’Eustache, ce qui retarde l’équilibre des pressions dans l’une des deux oreilles moyennes. Les informations transmises aux organes de l’équilibre (vestibule) n’étant pas symétriques, il en résulte un vertige bref et fugace avec désorientation. La conduite à tenir consiste à déglutir, sans jamais faire de Valsalva.

Risque d’accident de désaturation

Lors de la phase de désaturation, une bulle d’azote peut se trouver coincée dans l’artère terminale d’une des deux oreilles. Une bulle peut également apparaître dans les liquides de l’oreille interne. Dans les deux cas, un accident de décompression peut se déclarer, avec troubles de l’équilibre, vertiges, nausées, et vomissements. Ces symptômes sont parfois accompagnés d’une perte d’audition et de bourdonnements. Il peuvent survenir dans l’eau ou dans les heures qui suivent une plongée.
La prévention passe par le respect des procédures de décompression – en évitant toute mise en surpression du thorax comme celle créée par un Valsalva ou un effort à la remontée – et la prise en compte d’éventuels facteurs favorisants (voir le chapitre sur les procédures de décompression).

Risque d’otite infectieuse

Les eaux chaudes sont favorables au développement de la flore microbienne. Celle-ci peut être responsable d’une inflammation du conduit auditif externe accompagnée de douleurs lancinantes. A titre préventif, il est conseillé de rincer ses oreilles avec de l’eau douce et tiède après chaque plongée et de bien les sécher. Avant la plongée, cela peut être complété par l’application d’huile d’amande douce dans le conduit auditif, afin de le protéger du milieu extérieur.

GYMNASTIQUE TUBAIRE

Présentés dans le n° 168 de la revue Subaqua par le docteur Frédéric Di Méglio (médecin ORL, Instructeur national), nous reproduisons ici, avec l’accord de l’auteur, 5 exercices destinés à améliorer la perméabilité (capacité à s’ouvrir) de la trompe d’Eustache.1. Exercices de la langue. Il s’agit de mobiliser la base de la langue. Exercices bouche ouverte puis bouche fermée. Alternativement, tirer la langue le plus en avant possible comme pour toucher le menton, puis la rentrer et la pousser le plus possible en arrière et en bas, en laissant la pointe de la langue sur le plancher de la bouche. Contrôler l’abaissement de l’os hyoïde* et de la pomme d’Adam lors de cet exercice. Balayer le palais et le voile du palais : pour cela, placer la pointe de la langue derrière les incisives supérieures et racler d’avant en arrière le palais comme pour l’essuyer, en essayant de toucher la luette.2. Exercices du voile du palais. Il s’agit de « relever la luette ». C’est le plus important des exercices. On a recours à un mouvement de déglutition incomplet s’arrêtant au stade de contraction du voile du palais, sans déglutition de salive. Commencer par des exercices exagérément lents pour sentir les sensations avant de réaliser des contractions du voile rapides et successives qui sont les plus efficaces pour ouvrir la trompe d’Eustache. D’abord bouche ouverte, langue au repos, ébaucher un mouvement de déglutition, sans avaler, en essayant de creuser le voile et de relever la luette. A la limite, une sensation de nausée peut survenir quand ce mouvement est poussé au maximum. Le contrôle de l’efficacité se fait en vérifiant le déplacement de l’os hyoïde.3. Exercices de la mâchoire inférieure. Avancer et reculer le plus possible la mâchoire inférieure. Mettre celle-ci alternativement à droite et à gauche.4. Exercices de la langue et du voile du palais. D’abord bouche ouverte, la pointe de la langue appliquée contre les incisives inférieures, l’arrière de la langue est poussé en bas et en arrière. Puis pratiquer un mouvement de déglutition incomplet s’arrêtant au stade de contraction du voile. Contrôle de l’efficacité de cet exercice : l’os hyoïde abaissé par la poussée de la base de la langue, la langue doit être encore plus abaissée par le mouvement de déglutition incomplet. Même exercice bouche fermée.

5. Exercices de la mâchoire, de la langue et du voile. La pointe de la langue prend appui contre les incisives inférieures, la mâchoire inférieure est projetée en avant, la langue est sortie au maximum hors de la bouche (la pointe toujours appliquée contre les dents). Contracter alors le voile du palais en faisant un mouvement de déglutition incomplet.

Programme

  • 1re semaine : faire chaque jour 5 fois minimum les exercices 1 et 3, bouche ouverte puis
    fermée et 10 fois minimum les exercices 2.
  • 2e semaine : faire en plus les exercices 4.
  • 3e semaine : faire en plus les exercices 5.
  • 4e semaine : faire seulement les exercices 2, 4 et 5.
À propos de l’auteur : Martin
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Post source : https://www.plongee-plaisir.com/fr/oreilles/

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